2005, année du dégroupage total ?

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Pour le président de l’Autorité de régulation des télécommunications, le dégroupage total se présente comme une évolution naturelle du marché. Mais l’industrialisation du processus reste encore à mettre en oeuvre.

« La généralisation des offres de voix sur les accès ADSL, notamment grâce au dégroupage, va banaliser la voix sur IP et changer l’économie de la téléphonie fixe. C’est la fin annoncée de la tarification à la distance et à la durée. » C’est en ces termes que Paul Champsaur s’est exprimé sur les évolutions en matière de téléphonie, mobile et sur IP en particulier, dans un entretien accordé au quotidien La Tribune du 10 juin 2004. Avant tout, le président de l’Autorité de régulation des télécoms (ART) se félicite de l’arrivée du dégroupage total en direction des particuliers. Il compare l’ouverture de ce nouveau marché à celui du dégroupage partiel qui « a suscité des baisses de prix très importantes » et a offert au téléphone fixe « de nouvelles perspectives alors que ce marché était en déclin ». Rappelons que le dégroupage total permet à l’abonné de s’affranchir commercialement de France Télécom au profit des opérateurs alternatifs, tant du point de vue des communications téléphoniques que des accès Internet. Le dégroupage total permet aux opérateurs alternatifs de proposer un certain nombre de services dans une offre forfaitaire comme l’Internet par l’ADSL, la téléphonie, la télévision sur ADSL, etc.

Des obstacles au développement

Si Paul Champsaur juge naturel que « ces opérateurs basculent maintenant vers le dégroupage total », il n’estime pas que « le prix soit aujourd’hui l’obstacle essentiel à ce développement ». Il fait notamment référence aux 10,50 euros (hors taxes) mensuels que les opérateurs alternatifs reversent à France Télécom pour la location de la ligne dégroupée, dont l’opérateur historique reste le propriétaire et exploitant technique. Le tarif de 13 euros (10,87 euros hors taxes) que France Télécom facture à l’abonné – pour l’entretien de la ligne principalement – s’affiche parmi les moins chers d’Europe juste après la Grèce (10,49 euros HT) pour un prix médian à 12,62 euros, selon la société d’études Tarifica. La baisse du prix de revente de l’abonnement ne semble donc pas à l’ordre du jour de l’ART.

Pour Paul Champsaur, les obstacles se situent pour le moment ailleurs, notamment au niveau des délais, de la qualité de service et de la portabilité du numéro de l’abonné vers le réseau du nouvel opérateur, lequel se doit également d’apporter des garanties de service. « Le plus urgent est d’améliorer les conditions opérationnelles afin d’industrialiser le processus », estime le président de l’ART. Autant dire que la question de la création directe d’une ligne totalement dégroupée (essentielle pour les internautes qui n’ont pas ? ou plus ? de ligne France Télécom) n’apparaît pas encore comme une préoccupation majeure. Mais les évolutions pourraient aller assez vite. « Nous souhaitons que le dégroupage total connaisse en 2005 le développement que le dégroupage partiel a connu en 2003, et nous agirons en ce sens. » France Télécom n’a qu’à bien se tenir.